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Maquis de Beaubery
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Après le 11 novembre 1942 (jour où les Allemands envahirent la « zone libre »), tous les régiments du sud de la France furent dissouts. A Macon, le Régiment du 5ème Dragons (caserne), n’échappe pas à la règle, mais son chef, le colonel Vatteau (ensuite arrêté puis déporté) avait préparé ses cadres à organiser la Résistance. L’adjudant Maurice Trichard, dont les parents habitaient une maison située au hameau du Créteau à l’ouest de la commune, conduisit quelques camarades sous-officiers (Meyer, Gireaud, Dumont, Kuhn, etc…) dans ce hameau à la fois bien isolé dans les bois et proche de la voie Paray–Mâcon. Ils formeront les premiers cadres du « Maquis de Beaubery ».

De nombreux jeunes ne voulant pas se soumettre au S.T.O. (service du travail obligatoire, au service de l’Allemagne et  du gouvernement de Vichy) rejoignent ce lieu : près de 150 hommes à l’été 1943… Faute de place, un grand nombre devra se réfugier dans des fermes plus éloignées, où ils pourront survivre. Chaque jour les maquisards reçoivent une instruction « militaire » et de nouvelles recrues arrivent. La vie n’est pas facile : peu de vêtements ni de chaussures et le ravitaillement est difficile. De nouveaux cadres les rejoignent : Claude Rochat, qui dirige plusieurs maquis en Saône-et-Loire, Dédé Gaudillat, Olivier Ziegel, etc… Leur armement se compose d’une douzaine de mousquetons et fusils Mausers, quelques mitraillettes et revolvers, des explosifs, deux fusils modèle 36 et quelques grenades.

Le maquis est en relation avec des familles de l’Ain (les Broyer, de Manziat et les Favier, de Pont-de-Vaux) qui lui envoient de nombreux jeunes venus de l’Ain et de tous les coins de France !  A leur arrivée, ils sont reçus à la boulangerie Guilloux, de Beaubery, ou chez Trichard. Là ils fournissaient  les informations dont ils disposaient aux chefs puis étaient intégrés au maquis. Celui-ci était de mieux en mieux organisé : les familles Duranton (de Mâcon) et Pagenel (de Cormatin) communiquaient les ordres reçus du commandant De Bellecombe (ancien du 5ème Dragons). D’autres maquis étaient en étroite relation avec celui de Beaubery : le maquis de Charolles et celui de St-Bonnet-de-Joux, sous les ordres de Louis Lapalus et René Fléchard, de « Tiburce », un officier anglais et d’un autre canadien Michel d’Artois. D’autre part, de nombreuses réunions se tenaient dans la maison Trichard entre les chefs du Maquis et des agents de Londres. Ils y prenaient des décisions à propos des fournitures d’armes et de l’organisation des actions.

A la fin de l ‘été 1943, devant l’affluence grandissante des nouveaux maquisards, il fallut trouver d’autres lieux de cantonnement… Un groupe s’établit sur la commune de Vérosvres au lieu-dit « Les Pierres », dans une maison abandonnée ; c’était un maquis de formation de « cadres » sous les ordres du commandant Claude (Olivier Ziegel), qui dirigera par la suite le Bataillon du Charolais. D’autres groupes s’établirent à Combrenod et à la Croix de Villars (commune de Montmelard) jusqu’à ce que les Allemands viennent les déloger lors des combats des 11 et 14 novembre 1943.

Malgré un équipement plus que sommaire tant au niveau des habits que des armes, ces maquis purent entreprendre des actions contre l’occupant : attaques sur les voies ferrées, coup de mains sur des magasins d’habillement des chantiers de jeunesse, capture d’un camion d’essence allemand, etc…

Le Maquis de Beaubery jouissait de nombreuses complicités parmi les habitants. Aux Pierres, il faut évoquer la famille Sivignon, de Montot, ainsi que le boucher de Vérosvres, Henri Lambert, qui les ravitaillait, sans oublier le boulanger de Beaubery, Lucien Guilloux, qui était un des cadres éminent du Maquis et fournissait le pain.

Claude Rochat, un des chefs de la Résistance en Saône-et-Loire, écrivait : « ce fut pour moi un étonnement que l’atmosphère de ce village où les chefs et les agents de liaison circulaient librement, protégés par la complicité et la discrétion de tous ».

Malheureusement, les premiers harcèlements menés contre l’occupant entrainèrent une inévitable réaction… Dénoncés par un élément infiltré, les maquis de Combrenod et de Villars sont attaqués par 450 allemands le 11 novembre 1943 dans les bois de Combrenod, alors qu’ils revenaient de déposer une gerbe au monument aux morts de Montmelard. Le combat fut rude, les allemands perdirent 27 hommes, mais tuèrent 4 maquisards, firent 3 prisonniers, incendièrent une ferme et prirent plusieurs civils en otages.

Le 13 novembre, la Gestapo vient à la boulangerie de Beaubery arrêter les chefs Guilloux et Meyer.

Le 14, les troupes allemandes encerclent à nouveau les maquisards réfugiés dans les bois de Gilette (commune de Gibles) et font 14 prisonniers.

Ces 19 maquisards seront internés à Montluc, jugés et fusillés au Champ de tir de La Doua (banlieue de Lyon) le 1er février 1944. Deux civils (Jean et Jeanne Labrosse, dont la ferme a été brulée) mourront en déportation.

Les rescapés de ces combats se disperseront durant l’hiver 1943-44 : les uns se cacheront dans les fermes des environs, d’autres rejoindront des maquis du Val de Saône, de la Bresse ou du Beaujolais.

Mais au printemps 1944, la Résistance s’étoffe et s’organise. Les maquis intègrent les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI).

Dès la fin de l’hiver, le Maquis des Pierres reprend du service : tous les nouveaux maquisards devaient y faire un séjour de « formation militaire » d’une semaine. Ce Maquis a permis la formation de plusieurs centaines de combattants.

Au début de l’été, dans le sud du département est créé le Régiment du Charolais, composé de 4 bataillons, dont le Bataillon du Charolais, sous les ordres du Commandant Claude. Il est organisé en 5 compagnies : St Igny, Matour, La Clayette, Charolles et Beaubery. Dès juin 1944, fort de plus de 700 hommes, le Bataillon a mené des opérations locales contre les forces ennemies, puis il  a participé le 11 août 1944 à la bataille de Cluny, le 21 à la libération de Roanne, puis à partir du 23 août, avec près de 800 hommes, il a pris position dans le Val de Saône au sud de Mâcon pour harceler les colonnes allemandes qui se repliaient devant la poussée de la Première Armée Française débarquée en Provence le 15 août. Le 26 août, lors d’un violent accrochage à Vinzelles, il perd deux hommes, dont François Dumont, commandant la compagnie de Beaubery.

Le 3 septembre, il participe de façon décisive à la libération de Villefranche, où il fait sa jonction avec la 1ère Division Blindée du Gal De Lattre.

Puis c’est, pour les volontaires, l’intégration dans l’Armée régulière, qui conduira le Bataillon dans les Vosges, puis en Alsace durant le rude hiver 1944-45, et enfin l’occupation de l’Allemagne jusqu’au début de l’année 1946.

Une association, l’Amicale des anciens et amis du maquis de Beaubery et du bataillon du Charolais pour le soutien de la mémoire (siège social à la mairie de Beaubery), créée en 1946 initialement pour maintenir les liens de camaraderie entre les anciens du Bataillon, continue aujourd’hui de perpétuer la mémoire par des cérémonie, des expositions, des conférences, etc…

Une brochure rédigée par des anciens maquisards raconte l’épopée du Maquis de Beaubery et du Bataillon du Charolais. Vous pouvez vous la procurer auprès du président de l’amicale :

andreauclair@wanadoo.fr

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